par Pierre Duval
Vladimir Poutine a transformé la Russie en une économie de guerre. L'Occident traverse une crise sociale et économique. Les responsables politiques et la grande majorité des experts qui disaient mettre à genoux l'économie russe par les sanctions ont très mal analysé la situation.
Le média britannique, New Statesman, brosse un tableau catastrophique pour l'Occident par rapport à la Russie.
«L'économie russe est en pleine forme. Le Fonds monétaire international a annoncé que cette année, elle connaîtrait une croissance plus rapide que celle de tous les grands pays du G7, grâce à l'effet de guerre», écrit New Statesman. La dépense de la Russie dans l'économie de guerre «représente plus de 6% de la production économique, alors qu'en Occident de nombreux pays peinent à atteindre les 2%», précise le média. «L'économie de guerre russe fonctionne aux stéroïdes et génère d'énormes revenus pour l'État. Les revenus hors pétrole et gaz devraient augmenter de 73% l'an prochain. La Russie ne finance pas le renforcement de sa défense par l'endettement, mais par une économie en plein essor», avertit le média.
En fait, New Statesman souligne que les responsables politiques et autres experts occidentaux n'ont analysé la situation de la Russie qu'à travers leur prisme alors que la Russie possède sa propre économie, ses énergies premières, et sa propre zone monétaire. «Il existe une certaine confusion sur ce qui arrive aux économies en temps de guerre. Les économies ne manquent pas d'argent - à moins qu'elles n'utilisent la monnaie d'un autre pays, comme le dollar américain. Une économie de guerre est la plus grande relance budgétaire de type keynésien imaginable». Ainsi, dans les conditions de développement rapide de l'économie militaire de la Russie, l'équilibre des forces se développe en faveur du Kremlin.
L'Occident a fait du bruit, menacé, mais aucun des alliés n'est prêt à dépenser autant pour avoir une économie de guerre. Mais, Vladimir Poutine l'a fait. Par exemple, le feu ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, avait stipulé en mars 2022 : «Nous allons provoquer l'effondrement de l'économie russe». Au lieu de cela, c'est l'économie de la France qui est ruinée. «La France est sur le chemin de la ruine», a jugé Sébastien Chenu, vice-président du Rassemblement national. L'agence de notation Fitch vient de placer la note de la France sous «perspective négative» et inquiète les marchés.
Observateur Continental avertissait déjà : «Les observateurs financiers déconseillent d'investir en France». «L'Allemagne s'enlise dans la crise et se dirige vers une croissance zéro en 2024», titre Les Echos.
«Deux ans après les promesses de Macron, la France est toujours loin du compte d'être dans une économie de guerre», annonce L'Express, rajoutant : «Malgré le satisfecit affiché par le gouvernement, notre pays, dans les faits, n'a pas basculé dans ce schéma». Le réarmement allemand ne progresse «que lentement» continue le Frankfurter Rundschau. L'Allemagne veut consacrer davantage d'argent à la défense. Néanmoins, la mise à niveau avance trop lentement. C'est ce que montre une nouvelle étude. «L'Allemagne pourrait à long terme être à la traîne de la Russie en termes de capacités militaires». C'est la conclusion d'une étude récente de l'Institut pour l'économie mondiale (IfW) de Kiel. Les plans annoncés en France et en Allemagne pour avoir une économie de guerre sont des échecs.
«Il ne s'agit pas d'une prédiction, mais d'un avertissement selon lequel l'Occident doit adopter de toute urgence une stratégie de guerre plus réaliste, plutôt que de financer un conflit sans fin que l'Ukraine n'a aucune chance de gagner», conclut New Statesman. «Le soutien américain à l'Ukraine persiste, mais à un niveau moindre. La priorité actuelle de la politique étrangère des États-Unis est le Moyen-Orient. Si Donald Trump remporte l'élection présidentielle le mois prochain, c'est toute la politique occidentale en Ukraine qui sera bouleversée», met en garde New Statesman.
Il est clair que l'UE ne va pas avoir les moyens militaires pour faire le poids contre la Russie. La Russie «affiche toujours une croissance insolente» pour La Tribune et «son Produit intérieur brut a augmenté de 4% sur un an au deuxième trimestre (2024)». Au deuxième trimestre 2024, le PIB de la France a augmenté de 0,2%. Pour l'Allemagne, sur la même période, le PIB est de 0,0%.
Les deux pays, qui forment le moteur de l'UE, la France et l'Allemagne, sont dans l'incapacité de financer une économie de guerre. Cependant, «certains élus du Sénat en France persistent à vouloir flécher l'argent déposé par les Français dans le livret A vers le secteur de la défense».
Le conflit en Ukraine et l'aveuglement des élites occidentales ont ruiné leur pays et font plonger leurs habitants dans la crise inédite depuis la Seconde Guerre mondiale.
source : Observateur Continental